Considérations stratégiques sur le mouvement d’opposition des camionneurs et des citoyens aux mesures soi-disant sanitaires (1)

Que le mouvement d’opposition des camionneurs canadiens contre le gouvernement fédéral dépasse l’obligation vaccinale s’appliquant à eux quand ils traversent la frontière américano-canadienne, pour porter aussi sur toutes les mesures dites sanitaires et les politiques de confinement qui détruisent notre société et notre pays, voilà qui est très bien. Le fort soutien populaire dont bénéficient les camionneurs est certainement en grande partie dû au fait qu’ils se sont pas contentés de s’opposer à ce qui les concerne plus spécialement. C’est ainsi qu’ils peuvent viser une certaine union des citoyens canadiens contre l’autoritarisme du gouvernement fédéral, et franchir le fossé que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux voudraient creuser entre les personnes vaccinées et les personnes non vaccinées.

Ceci dit, je me permets de faire quelques remarques sur ce mouvement d’opposition, non pas parce que je suppose que les camionneurs (avec lesquels je ne suis pas directement en contact) ne se sont jamais dit ce que je m’apprête à écrire, mais parce que je crois qu’il est utile d’exposer de manière systématique et de faire circuler plusieurs idées qu’il est important de garder en tête, aussi bien pour les camionneurs eux-mêmes, que pour ceux qui se sont joints au convoi sans être des camionneurs, et pour ceux qui soutiennent ce mouvement, d’une manière ou d’une autre.

 

Éviter la division du mouvement

Les camionneurs sont le fer de lance du mouvement d’opposition aux mesures dites sanitaires et aux politiques de confinement. Le gouvernement le sait très bien. C’est pourquoi il essaiera peut-être de faire des propositions aux camionneurs sur l’obligation vaccinale qui les concernent plus spécialement, même s’il s’est montré intransigeant sur ce point vis-à-vis des fonctionnaires fédéraux et des employés de la poste. Il est vrai qu’il serait difficile, pour le gouvernement fédéral, de reculer sans perdre la face, mais ce n’est pas à exclure puisque le gouvernement québécois a bien dû le faire à l’égard de l’obligation vaccinale qu’il voulait imposer à l’automne 2021 à tous les travailleurs du secteur de la santé, en décidant plutôt de donner la possibilité aux personnes non vaccinées de se soumettre à des tests de dépistage récurrents, si je ne me trompe pas. Il se peut donc que le gouvernement fédéral, si les pressions exercées par ce mouvement sont suffisamment grandes, propose un accommodement aux camionneurs qui traversent la frontière canadienne à partir des États-Unis. Il est vrai que cela est compliqué, puisque le gouvernement américain devrait aussi consentir à un accommodement ou à un assouplissement pour autoriser les camionneurs canadiens à traverser la frontière dans l’autre sens. Mais il n’est pas à exclure que les camionneurs américains s’organisent eux aussi et que les gouvernements canadien et américain en viennent à discuter de tels assouplissements. Si le mouvement d’opposition à la tête duquel sont les camionneurs dure, le gouvernement canadien pourrait avoir intérêt à un tel accord. Il pourrait ainsi espérer satisfaire une partie plus ou moins grande des camionneurs et obtenir qu’ils quittent Ottawa pour rentrer chez eux. Ce qui porterait un dur coup au mouvement d’opposition.

Les camionneurs ne doivent donc pas s’éloigner de la ligne qu’ils se sont tracés eux-mêmes, et ne pas se laisser acheter par des promesses sur l’obligation vaccinale qui les concerne plus spécialement, lesquelles ne mettraient pas fin à l’autoritarisme du gouvernement fédéral et ne nous permettraient pas de récupérer les droits et les libertés qu’on nous a enlevés. Ce ne serait d’ailleurs pas dans l’intérêt des camionneurs de se contenter de si peu, car ils continueraient eux aussi à être privés de ces droits et de ces libertés, car une fois le mouvement d’opposition affaibli ou dissout, le gouvernement fédéral pourrait décider de revenir sur ses promesses, en invoquant l’apparition d’un nouveau variant, par exemple. Nous savons ce que vaut la parole de Justin Trudeau, qui nous a dit, au début de la vaccination au Canada, qu’on ne rendrait pas la vaccination obligatoire. Voyez maintenant où nous en sommes ! Les camionneurs et toute la population canadienne doivent donc tenir compte du manque d’honnêteté du premier ministre, ne pas accepter de se faire payer en monnaie de singe et ne pas se laisser diviser grâce à de belles promesses creuses.

 

Préciser ce qui est réclamé en fonction de ce qui est sous juridiction fédérale

Il se peut que ça ait déjà été fait et que je ne l’aie pas vu. Pour l’instant, j’ai entendu des camionneurs qui participent au convoi, ainsi que des sympathisants, réclamer qu’on leur rende leurs droits et leurs libertés, qu’on arrête de les traiter comme des animaux, et qu’on leur permette enfin de recommencer à vivre normalement, par exemple. Je crois que les camionneurs et leurs alliés auraient intérêt à être plus précis dans leurs réclamations, en tenant compte de ce qui relève du gouvernement fédéral, car les provinces ont leurs prérogatives, notamment en santé. Ce sont les gouvernements provinciaux qui ont implanté les passeports vaccinaux, qui décident des endroits où ils doivent être utilisés et à quelles conditions (combien de doses, quelles exemptions) il est possible d’obtenir ou de conserver un passeport vaccinal. C’est aussi eux qui décident de la fermeture des commerces et des écoles, des conditions d’isolement préventif, de l’imposition du télétravail, de la réglementation des rassemblements privés et publics, etc. Il ne faudrait pas faire au gouvernement fédéral le cadeau de réclamer des choses qui relèvent en fait des provinces. Il serait alors facile pour lui de répondre que cela ne relève pas de lui, mais des gouvernements provinciaux, dans les affaires desquelles il dirait ne pas vouloir s’ingérer, car ça l’arrangerait cette fois-ci.

Sans prétendre ici épuiser la question, les réclamations des camionneurs adressées au gouvernement fédéral pourraient porter, entre autres, sur :

  • les mesures dites sanitaires qui s’appliquent aux personnes qui arrivent au Canada, par voie terrestre ou aérienne ;

  • la réglementation dite sanitaire qui s’applique aux déplacements en train et en avion, notamment l’obligation vaccinale et le port du masque obligatoire ;

  • l’obligation vaccinale pour les fonctionnaires fédéraux, les employés de la poste et, à terme, les travailleurs de tous les secteurs de l’économie qui sont sous juridiction fédérale ;

  • les encouragements et le soutien donnés aux entreprises privées pour exiger la vaccination de leurs employés sans l’existence d’une obligation d’origine gouvernementale ;

  • l’achat récurrent de centaines de millions de doses de vaccin et de tests de dépistage rapides avec nos taxes et nos impôts ;

  • sur le manque de transparence quant aux contrats signés avec les marchands de vaccins et de tests de dépistage rapides ;

  • sur le respect de la Charte canadienne des droits et libertés ;

  • etc.

Comme on l’aura deviné, le fait d’obtenir du gouvernement la fin ou une diminution des achats de vaccins et des tests de dépistage rapides aurait d’importants effets sur les politiques dites sanitaires des provinces, qu’il s’agisse des campagnes de vaccination, des mesures d’isolement préventif et de traçage des contacts, et de l’extension et du maintien des passeports vaccinaux.

 

Étendre le mouvement d’opposition aux capitales et aux métropoles provinciales

Malgré tout, la privation de nos droits et de nos libertés a souvent son origine dans les décisions prises par les gouvernements provinciaux. Comme je l’ai dit plus haut, c’est eux qui décident du début et de la fin de période de confinement ; de ce que nous n’avons pas le droit de faire et des endroits où nous n’avons pas le droit d’aller si nous ne sommes pas vaccinés ; des conditions auxquelles nous pouvons participer aux activités et aller dans les lieux qui nous sont réservés si nous sommes vaccinés ; qui nous avons le droit de voir, quand et à quelles conditions ; de la fermeture des écoles, des collèges et des universités ; du recours à l’enseignement à distance ; de la réglementation soi-disant sanitaire ; des politiques de dépistage massif ; de l’organisation des campagnes de vaccination massive ; des amendes déguisées en contribution santé qu’on voudrait exiger des personnes non vaccinées ; etc. Bref, la plupart des mesures dites sanitaires qui nous empoisonnent la vie, qui détruisent notre société et notre économie, et qui suspendent le fonctionnement normal des institutions démocratiques, sont le fait des gouvernements provinciaux.

Le mouvement d’opposition à la tête duquel sont les camionneurs aurait donc intérêt à exercer aussi de fortes pressions sur les gouvernements provinciaux. Les camionneurs de toutes les provinces qui soutiennent le mouvement, mais qui n’ont pas pu aller à Ottawa, devraient investir les capitales provinciales et aussi les métropoles. Même chose pour ceux qui veulent se joindre à ce mouvement d’opposition, mais pour lesquels il est difficile de se déplacer à Ottawa ou d’y rester longtemps. À partir de ce point, le mouvement pourrait aussi adresser des réclamations aux gouvernements provinciaux, en fonction de ce qui relève d’eux et des mesures dites sanitaires imposées à la population de chaque province. Puisque ces mesures se ressemblent beaucoup, malgré des différences d’application et d’extension, je crois qu’elles pourraient faire l’objet de réclamations communes pour toutes les provinces, si du moins on ne demande pas seulement des assouplissements et des ajustements.

Toutefois les camionneurs déjà à Ottawa ne doivent pas quitter la capitale canadienne et continuer d’exercer des pressions sur le gouvernement fédéral. Le fait que Justin Trudeau décide de se cacher, sous prétexte sanitaire, à l’arrivée du convoi montre que ça produit un effet. Alors pas de répit pour Trudeau !


Merci de faire circuler ces propositions sur internet ou, encore mieux, de les envoyer aux camionneurs, aux organisateurs du mouvement d’opposition et à leurs sympathisants. Si la barrière de la langue pose problème, je vous invite à les traduire en anglais et aussi à y ajouter d’autres propositions.

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