Conséquences possibles des politiques d’immigration occidentales

Malgré la crise économique qui découle des politiques sanitaires, économiques et énergétiques des gouvernements occidentaux et des sanctions occidentales peu judicieuses contre la Russie, plusieurs de ces gouvernements n’entendent pas diminuer l’immigration. Au nom de la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre (dont nous ignorons les causes et l’ampleur exactes et qui ne saurait durer à cause de la crise économique) et de l’opinion morale selon laquelle ce serait faire preuve d’ouverture et de bonté d’accueillir des immigrants dans nos pays prospères et démocratiques, où tous les habitants de la Terre aimeraient vivre (nous plaisons-nous souvent à croire), ces gouvernements maintiennent les contingents annuels d’immigrants ou les augmentent même. Malgré les bons sentiments qu’on affecte d’avoir, il est loin d’être certains que cela soit avantageux pour nous, qui vivons déjà dans les pays occidentaux, ou pour les nouveaux arrivants qui pourraient s’y établir au cours des prochaines années.

Essayons de nous mettre dans la peau des immigrants. Beaucoup viennent ici parce qu’ils n’arrivent pas à vivre convenablement dans leur pays d’origine, souvent à cause de politiques occidentales qui empêchent la population de ces pays de devenir prospère, à cause de guerres provoquées ou alimentées par nos gouvernements, à cause des gouvernements autoritaires ou despotiques mis au pouvoir ou soutenus par eux, et à cause des multinationales occidentales qui exploitent les ressources naturelles et les habitants avec le consentement ou la bénédiction de nos gouvernements. Malgré les avantages réels ou escomptés qui découlent pour eux de l’immigration dans nos pays, c’est certainement nous prendre pour le nombril du monde que de penser que les immigrants se réjouissent simplement, pour la plupart, de venir s’installer en Amérique du Nord ou en Europe pour adopter l’une des variantes plus ou moins mornes et pénibles du mode de vie occidental. Beaucoup n’auraient-ils pas préféré rester dans leur pays d’origine s’ils avaient pu y bénéficier de conditions de vie assez bonnes, tout comme nous, si nous venions à nous trouver dans une situation semblable ?

Je connais plusieurs Colombiens qui n’auraient jamais eu l’idée de venir s’installer au Québec s’il y avait moins de pauvreté et de criminalité en Colombie, s’ils n’y avaient pas été exploités par leurs employeurs et si la situation politique y était plus stable, ce qui peut difficilement arriver aussi longtemps que les gouvernements colombiens qui se succèdent demeureront les vassaux du gouvernement américain en Amérique du Sud. Plusieurs regrettent le mode de vie qui a été le leur jusqu’à ce qu’ils arrivent au Québec, et certains étouffent même ici. La situation est aggravée par le fait que ce sont souvent des travailleurs qualifiés (des ingénieurs, des infirmières, des programmeurs, des comptables, des graphistes, etc.) qui ne réussissent pas à exercer leurs professions ici, et qui se retrouvent à occuper des emplois minables (parfois deux à la fois) dont les Québécois d’origine ne veulent pas, afin de ne pas crever de faim. Après cinq, dix ou quinze ans de cette situation précaire assez différente des espoirs irréalistes qu’on leur a parfois fait miroiter, on comprendra qu’ils se sentent floués et qu’ils déchantent.

Mais les immigrants de première génération n’ont encore rien vu. Avec la crise économique qui ne cesse de s’aggraver à cause de l’incompétence de nos dirigeants, de leur indifférence aux maux qu’ils nous font endurer, voire de leur malveillance et de leur folie, ces personnes seront frappées particulièrement durement. Ce sont souvent elles qui occupent les emplois les moins stables et les moins bien rémunérés. L’inflation qui continuera vraisemblablement de s’aggraver a pour effet qu’il leur est de plus en plus difficile de joindre les deux bouts et qu’il leur faut de plus en plus souvent avoir recours à des banques alimentaires, pour eux et pour leurs enfants. Et leurs employeurs ne se gêneront certainement pas pour leur retirer les quelques avantages qu’elles pourraient avoir ou pour les mettre à pied si cela leur permet de réduire leurs dépenses ou s’ils font faillite. Quant aux personnes originaires des pays occidentaux ou y étant établies depuis plus longtemps et étant déjà intégrées, elles ne sont pas à l’abri de la dégradation de leurs conditions de vie et des conséquences d’une perte d’emploi soudaine. Par la force des choses, elles pourraient envisager d’occuper des emplois minables qu’elles ont dédaignés jusque-là.

Il en résultera probablement une surabondance de travailleurs disponibles sur le « marché de l’emploi », alors que les emplois à combler seront rares. La concurrence sera alors féroce entre ces travailleurs, immigrants ou non. Les employeurs, avantagés par ce nouveau rapport de force ou contraints par la crise économique qui diminue leur rentabilité, pourront ou devront imposer leurs conditions aux travailleurs, qui se diront que cela vaut mieux que rien, même si leur salaire ne leur suffit plus pour payer l’électricité, le chauffage, l’hypothèque de leur maison, le loyer de leur logement et leur nourriture.

Les nouveaux immigrants qui arriveront chez nous dans ce contexte se retrouveront dans une situation encore plus difficile, puisqu’ils devront entrer en concurrence avec des chômeurs, qualifiés ou non, qui lutteront pour obtenir ou garder les emplois toujours relativement bien rémunérés ou même minables. Leur seule présence contribuera à aggraver le déséquilibre entre le nombre de chômeurs et le nombre d’emplois disponibles, et à dégrader encore plus les conditions de travail, certains employeurs rapaces se disant qu’ils peuvent facilement remplacer leurs employés mécontents par d’autres qui, aux abois, sont dans l’obligation d’accepter des conditions de travail avilissantes. Selon les pays, leur statut permettra ou non aux nouveaux arrivants de bénéficier du filet social, lequel sera de plus en plus insuffisant pour vivre décemment, sans compter que les gouvernements pourraient décider de réduire les prestations versées afin de réduire leurs dépenses et de compenser la baisse de leurs revenus causée par la crise économique. Ces nouveaux arrivants, parfois isolés et en marge de la société, dépendront alors grandement des banques alimentaires pour se nourrir, et augmenteront la pression exercée sur elles, dans un contexte où les dons en argent ou en nourriture se feront plus rares. Ainsi la réalité pourrait s’avérer très décevante comparativement aux espoirs qu’on aura cultivés chez eux ou aux idées qu’ils se seront faites sur la vie dans les pays occidentaux.

En ce qui concerne les immigrants établis depuis quelques années dans les pays occidentaux, ils souffriraient alors de la dégradation de la situation économique aggravée par les nouveaux immigrants. Ils auraient des concurrents supplémentaires sur le « marché du travail » et les formes d’aide dont ils pourraient avoir besoin pourraient être encore plus saturées. Il est donc simpliste de penser que les nouveaux arrivants pourraient entraîner une dégradation de la situation économique seulement pour la population d’origine des pays occidentaux, tout comme il l’est de s’indigner de l’égoïsme présumé de cette population ou de son racisme à l’égard des immigrants parce qu’elle veut de moins en moins les accueillir à bras ouverts. En raison de l’appauvrissement des plus pauvres, de la destruction accélérée de la classe moyenne à laquelle nous assistons et de l’augmentation de la criminalité qui en résultera, c’est tout le monde qui perd au maintien ou à l’accélération de l’immigration dans les pays occidentaux : la population d’origine, les immigrants qui sont ici depuis plus d’une génération, les immigrants de première génération et les nouveaux arrivants.

Adoptons maintenant le point de vue des gouvernements occidentaux, qui devront manœuvrer pour ne pas devenir la cible de la colère des populations occidentales, et garder le contrôle malgré les troubles sociaux et politiques découlant de leurs politiques économiques et énergétiques aberrantes. Plusieurs moyens se présentent à eux pour conserver et même accroître les pouvoirs abusifs qu’ils détiennent, et l’un d’entre eux est de tirer profit des divisions qui existent au sein des populations occidentales, quitte à les aggraver pour faire diversion et détourner la colère populaire. J’entends déjà certaines franges de la classe politique accuser les populations d’origine occidentale d’être responsables de la dégradation des conditions de vie des nouveaux arrivants et des autres immigrants de plus longue date, en invoquant par exemple le racisme systémique, ce qui alimentera la colère d’une partie des nouveaux arrivants et des immigrants à l’égard des populations d’origine occidentale, et pourra les inciter à commettre des actes criminels contre elles. J’entrevois aussi d’autres franges de la classe politique manœuvrer pour rediriger la colère des populations d’origine occidentale contre les immigrants et les nouveaux arrivants, qui seraient des voleurs d’emplois, des parasites et des voyous dont il faudrait se venger et qu’il faudrait chasser. Ce qui pourrait donner un mélange explosif, et rendre moins probable la canalisation de la colère des populations des pays occidentaux, (quelles que soient leurs origines) contre ceux qui sont responsables des maux qu’elles endureront, c’est-à-dire la classe dirigeante.

Étant donné l’état de décadence avancé des pays occidentaux et la dégradation généralisé des conditions de vie des populations qui y habitent, il est douteux que nous rendions service aux immigrants que nos gouvernements voudraient accueillir au cours des prochaines années. Non seulement leurs attentes pourraient être brutalement déçues après le grand saut, non seulement il serait préférable pour eux d’immigrer ailleurs qu’en Occident, mais la décadence américaine et occidentale et la perte d’influence internationale et de puissance militaire qui en résultent peuvent aussi être, pour certains des pays dont ils sont originaires, une occasion de se soustraire au joug des États-Unis et de leurs vassaux occidentaux, et d’améliorer les conditions de vie de leurs populations. Il se peut que, dans cinq ou dix ans, quand nos gouvernements auront achevé d’anéantir la prospérité des pays occidentaux et auront réduit beaucoup d’entre nous à la pauvreté, ce soit nous qui voudrons immigrer dans certains des pays d’où proviennent les immigrants que nous accueillons actuellement ici, dans l’hypothèse où nos gouvernements ne nous interdiraient pas de franchir les frontières, sous prétexte de gestion d’une quelconque crise sanitaire ou de lutte contre les changements climatiques. Ne nous illusionnons donc pas en faisant comme si les immigrants, ça pouvait seulement être les autres et pas nous, car les flux migratoires pourraient s’inverser.