Conjectures sur les nouvelles conditions de vie hivernales

Il est raisonnable de nous attendre au pire pour les Européens. Essayons de concevoir comment les choses pourraient tourner, l’hiver prochain ou plus tard. Et même si nous croyons être dans une meilleure position au Canada et au Québec, cet exercice peut être utile pour nous, qui aurons peut-être à subir sous une forme atténuée, ou avec un certain retard, ce qu’auront vraisemblablement à endurer bientôt les Européens.

  1. En raison de l’inflation, particulièrement en ce qui concerne les secteurs de l’énergie et de l’alimentation, de nombreux Européens n’auront peut-être pas assez d’argent pour chauffer leurs domiciles et pour se nourrir. Ils devront alors choisir entre le chauffage et la nourriture. Ou, pire encore, ils devront se passer de chauffage et ne pourront pas manger tous les jours à leur faim.

  2. La crise énergétique qui menace l’Europe ne se réduit pas à un problème d’augmentation rapide du coût de l’électricité et du chauffage. Ce qui est à la cause du problème, c’est qu’en raison des sanctions prises contre la Russie et du sabotage contre deux des principaux gazoducs en Europe, il risque fortement de manquer de gaz naturel en Europe cet hiver. Même si les gouvernements étaient en mesure de soutenir financièrement les Européens pour qu’ils soient capables de se chauffer, cela ne résoudrait pas le problème d’approvisionnement en gaz naturel, et cette aide financière, en maintenant la demande, pourrait accélérer l’épuisement des réserves de gaz et provoquer des pannes d’électricité généralisées et durables pour des villes, des régions ou même des pays au plus fort de l’hiver. Même les particuliers, les entreprises et les institutions publiques qui disposeraient des fonds nécessaires pour payer les factures d’électricité et de chauffage se retrouveraient alors dans le noir et le froid.

  3. Malgré leur folie furieuse, les dirigeants européens savent bien qu’il manquera probablement de gaz naturel et donc d’électricité et de chauffage cet hiver. C’est pourquoi ils adopteront peut-être une politique de rationnement de l’énergie, en imposant des quotas aux domiciles privés, aux entreprises et aux institutions publiques, ou en alternant des pannes d’électricité localisées et d’assez courte durée (quelques heures) pour économiser de l’énergie et faire durer autant que possible les maigres réserves de gaz naturel qu’il y a présentement en Europe.

  4. Aussi bien en raison des coûts énergétiques que des pannes d’électricité récurrentes, la productivité et la rentabilité des entreprises pourraient diminuer considérablement. Certaines devront fermer leurs portes, et d’autres déplacer leurs activités sur un autre continent ou les réduire considérablement. Dans les deux cas, ce sont beaucoup d’Européens qui se retrouveraient au chômage, avec encore moins d’argent pour se nourrir et se chauffer.

  5. En raison de la situation économique catastrophique en Europe, l’euro et les autres monnaies européennes continueront vraisemblablement à perdre de la valeur, ce qui fera augmenter le prix des produits importés dont dépendront de plus en plus les pays européens, en raison de l’effondrement de leur industrie.

  6. Les entreprises du secteur alimentaire sont exposées aux mêmes problèmes que les autres entreprises. Cela s’applique à la production, à la transformation, à l’importation, à la distribution et à la vente de nourriture. Il pourrait en résulter une accélération de la hausse du prix de la nourriture et même des problèmes d’approvisionnement.

  7. Pour faire des économies d’énergie, les entreprises, les écoles, les hôpitaux et les administrations publiques pourraient demander à leurs employés de faire du télé-enseignement, de la télé-médecine et du télé-travail dans tous les cas où c’est possible. Les frais d’électricité et de chauffage seraient alors assumés par les travailleurs, qui tireraient déjà le diable par la queue.

  8. Des chômeurs et des travailleurs pourraient être incapables de payer leur loyer ou leur hypothèque. Selon les lois et les mœurs des différents pays, certains d’entre eux pourraient se retrouver à la rue au plus fort de l’hiver.

  9. À cause du refus de négocier des gouvernements occidentaux et ukrainiens pendant des mois, l’escalade progressive des hostilités a fini par mener à la destruction du système électrique et de l’économie de l’Ukraine. Il est possible que des millions d’Ukrainiens, peinant à survivre dans leur pays, fuient ou soient déplacés dans des pays européens où le taux de chômage serait déjà élevé, et où la population peinerait elle aussi à subsister.

  10. Alors que les dépenses des gouvernements européens augmenteraient, leurs revenus diminueraient à cause de la situation économique très mauvaise. Il en résulterait des réductions budgétaires dans plusieurs services publics, notamment les hôpitaux.

  11. De nombreux Européens pourraient être plus disposés à avoir des maladies et des problèmes de santé à cause du froid et de la malnutrition. Les gouvernements pourraient attribuer ces maux à un nouveau variant supposément plus dangereux ou à n’importe quel autre virus respiratoire, ce qui aurait le double avantage de nier ou d’atténuer les causes politiques de ces troubles de santé, et d’imposer des mesures soi-disant sanitaires qui sont en fait des mesures de contrôle de la population, pendant une période propice aux troubles sociaux.