Conférence sur les causes et les conséquences de la crise ukrainienne

Un an après le début de la guerre civile ukrainienne (juin 2015), John Mearsheimer a donné une conférence à l’Université de Chicago pour expliquer les causes et les conséquences de cette crise. Contrairement à ce que nous entendons dire depuis 2014, les États-Unis et ses alliés sont selon lui responsables de cette guerre civile. Puisque l’invasion russe de l’Ukraine qui a commencé la semaine dernière découle de cette guerre civile et du changement de régime de 2014 qui l’a causée, il est injuste de tenir la Russie responsable de cette guerre. Et le fait que nous trouvons la guerre horrible ne devrait rien changer à l’affaire. Les pays occidentaux, au lieu de s’indigner maintenant d’une guerre qu’ils ont grandement contribué à provoquer, auraient dû adopter depuis des années une toute autre attitude à l’égard de la Russie et de l’Ukraine, et devraient arrêter immédiatement de faire des déclarations belliqueuses, de fournir des armes au gouvernement ukrainien et d’inciter ce dernier à se battre jusqu’au bout dans une guerre qu’il ne peut que perdre et dans laquelle nous pourrions nous retrouver impliqués directement si nous maintenons la ligne dure à l’égard de la Russie.

Je fais quelques remarques critiques sur la conférence John Mearsheimer. Même si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 2015, je trouve qu’il a tendance à surestimer la puissance des États-Unis et à sous-estimer la puissance de la Russie. Il me paraît aussi fort douteux que les États-Unis et les autres pays de l’OTAN provoquent des changements de régime dans l’intention de répandre la démocratie. C’est encore plus douteux si nous tenons compte de la manière dont nos gouvernements nous traitent depuis deux ans. Pourquoi se soucieraient-ils des droits et des libertés des Ukrainiens alors qu’ils foulent aux pieds les nôtres ?

Les analyses de Mearsheimer demeurent malgré tout très justes. Ainsi les conclusions auxquelles il en arrive pourraient convaincre des personnes qui voient autrement que moi le rapport de force entre les États-Unis, ses alliés et la Russie, et qui croient toujours que les pays occidentaux sont des défenseurs de la démocratie. C'est peut-être ce qui fait la force de ces analyses.