Causes des comportements nuisibles des élites occidentales

Nous avons certainement beaucoup de reproches à adresser à ceux qui occupent des positions d’autorité, surtout depuis deux ans. Et je ne parle pas seulement de la classe politique qui nous gouverne, mais aussi des médecins, des scientifiques, des avocats, des juges, des économistes, des professeurs d’université et de toutes les personnes qui occupent des positions assez élevées dans les administrations publiques et privées. Leurs comportements nous donnent de bonnes raisons de croire que, pour beaucoup, ce sont des incompétents, des imbéciles, des fous et des pourris qui ne se soucient pas des intérêts de notre société, de nos institutions démocratiques, de nos droits, de nos libertés et de nos conditions vie. Après avoir participé activement à la mise en place d’un régime de surveillance et de contraintes sanitaires, y avoir rempli les fonctions qu’on leur a attribuées, et s’y être conformés sans critiquer et s’opposer pour la plupart, voilà que ceux qui sont censés être les meilleurs d’entre nous adoptent la même attitude conformiste et débile vis-à-vis des sanctions et de la position très agressive à l’égard de la Russie, et ne semblent pas se préoccuper des effets destructeurs que cela a sur notre économie et nos standards de vie.

Même si je partage ces sentiments à l’égard de nos élites, au point d’avoir presque envie de sortir la fourche et la pique dans mes moments d’irritation plus vive, je pense qu’il n’est pas suffisant d’exprimer notre colère, notre mépris ou notre indignation, aussi justifié cela fût-il. Si ces élites agissent de cette manière, c’est qu’il doit y avoir des raisons. Et il est important pour nous de les comprendre, afin de ne pas attendre des élites, malgré notre rancœur et nos récriminations, des choses qui sont impossibles. C’est à ces causes que Gonzalo Lira s’intéresse à partir de ses expériences personnelles des milieux aisés et de sa connaissance des universités américaines les plus réputées. Étant donné la longue et la puissante opération de formatage des esprits et des sentiments et l’exclusion systématique des éléments récalcitrants et pas assez malléables, ce sont les étudiants les plus dociles et les plus conformistes qui obtiennent les meilleures notes et les meilleurs diplômes, et qui disposent des meilleures chances de se retrouver dans une position d’autorité ou de prestige. Mais cela se produit seulement s’ils continuent à faire preuve de docilité et de conformisme. S’il est vrai que ces personnes ne sont pas dépourvues d’une certaine intelligence et d’une certaine force de travail, la pensée critique, l’esprit d’indépendance et d’initiative, la capacité d’opposition et le jugement moral ne sont pas leur fort. Cela n’a rien d’étonnant : elles ont été entraînées à être dociles et conformistes, et elles ont été sélectionnées précisément en fonction de cette docilité et de ce conformisme. Pourquoi donc se mettraient-elles à agir autrement quand il s’agit de leur carrière, pour laquelle elles ont étudiés plusieurs années et se sont endettées ?

Quand dans une société ce sont très majoritairement des personnes de cette espèce qui deviennent ministres et diplomates, qui sont conseillers politiques, qui sont les principaux rouages des bureaucraties, qui font marcher le système judiciaire, qui enseignent et font des recherches dans les universités, qui soignent les malades, qui dirigent des essais cliniques pour l’industrie pharmaceutique, qui s’expriment à titre d’experts et qui orchestrent les campagnes de relations publiques du gouvernement, les choses en viennent tôt ou tard à aller très mal. C’est ce qui nous arrive maintenant.

Je dirais que nous avons affaire à une forme généralisée de corruption en ce qui concerne ces élites, laquelle n’implique pas qu’on ait eu à les acheter pour les faire participer à un grand plan qui renforcerait les tendances totalitaires présentes dans nos sociétés ou qui détruirait ces sociétés. Ces personnes n’étant pas à la hauteur des fonctions importantes qu’elles occupent, elles font spontanément ce qui est attendu d’elles, en s’imitant les unes les autres, et en faisant même de la surenchère de docilité et de conformisme pour se démarquer des autres. Cette forme de corruption est beaucoup plus nuisible que tout ce qui peut se faire grâce à la distribution des pots-de-vin. Elle a ses racines dans nos sociétés mêmes, elle est le résultat d’un processus de plusieurs décennies, et pour cette raison elle difficilement réversible. Elle est systémique, et pour cette raison elle est imprègne les élites à un degré qu’il n’est pas possible d’atteindre en les soudoyant. S’il est vrai que des événements comme le suicide économique auquel nous assistons, comme la « pandémie » et comme la guerre en Ukraine, font apparaître au grand jour ce mal, il ne nous faut pas oublier que si ces événements ont pu se produire, c’est en partie à cause de l’état avancé de corruption des élites. Nos élites ne sont pas devenues ce qu’elles sont du jour au lendemain, quand ces événements se sont produits. Par conséquent, il ne faut pas nous imaginer qu’elles se mettront à agir différemment si nous réussissons à leur ouvrir les yeux, et qu’ainsi il sera possible d’éviter le pire. Elles ne se mettront à agir autrement que quand elles ne pourront plus agir comme elles le font normalement, c’est-à-dire quand il sera beaucoup trop tard. Et nous ne devons pas nous attendre à ce que, même dans ce cas, elles soient alors capables de nous être utiles de quelque manière que ce soit, puisqu’elles seront très désemparées de voir l’environnement dans lequel elles évoluent se transformer rapidement et dramatiquement, et elles seront très souvent incapables de s’adapter à ce nouveau contexte.

Mais j’ai assez parlé. Je donne la parole à Gonzalo Lira, dont je fais commencer la vidéo, qui a été enregistrée en avril 2022, après quelques remarques sur la situation en Ukraine à ce moment.