Appui de la population et absence de débat public sur l’implantation du passeport vaccinal

Nos autorités politiques et sanitaires et les journalistes affirment qu’une large majorité de la population appuie le passeport vaccinal. C’est même cette forte adhésion de la population québécoise qui justifierait l’absence de débat public à ce sujet, à l’Assemblée nationale ou dans l’ensemble de la société. Le gouvernement bénéficiant déjà de cet appui, il ne serait pas utile de discuter. Qui plus est, notre premier ministre a dit franchement qu’il faut éviter de tels débats puisque certaines personnes – très méchantes ou très stupides – pourraient tromper la population grâce à des arguments fallacieux. Autrement dit, la prétendue adhésion de la population québécoise au passeport vaccinal dépendrait en grande partie de l’absence d’opposition aux vérités qui appuieraient ce fameux passeport et dont on saurait avec certitude qu’elles sont vraies parce que les idées qu’on pourrait leur opposer seraient forcément fausses. Ce qui est du dogmatisme, en science, mais aussi en politique et en morale.

Il n’y a pas si longtemps, le clergé catholique censurait et persécutait les penseurs dissidents, libres ou athées en raisonnant de cette drôle de manière : « Ce qui n’est pas conforme aux Saintes Écritures et aux dogmes de l’Église, qui sont la vérité et le bien, est forcément faux et mauvais. Raison pour laquelle il faut combattre la diffusion des idées athées et immorales qui pourraient entraîner dans des erreurs funestes nos ouailles, corrompre leurs mœurs, les éloigner du droit chemin et provoquer de graves troubles. »

Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes :

  • Comment peut-on évaluer correctement l’appui de la population si le gouvernement et les journalistes entravent activement l’expression des positions divergentes et refusent la tenue d’un débat public, sous prétexte que ça serait nuisible ?

  • À supposer que la population québécoise appuie le passeport vaccinal autant que le disent le gouvernement et les journalistes, et qu’ils ne prennent pas leurs désirs pour la réalité, que vaudrait cette opinion qui n’a pas été mise à l’épreuve dans le cadre d’un débat public digne de ce nom, c’est-à-dire libre et où l’autoritarisme ne serait pas toléré ?

  • En l’absence d’un tel débat, comment notre gouvernement peut-il prétendre prendre des décisions éclairées et être capable de voir et de corriger ses erreurs ?

  • N’est-ce pas précisément en pareilles circonstances que les autorités politiques, qui agissent comme si elles étaient faillibles (ou peu s’en faut), ont tendance à errer et à persister dans l’erreur, au détriment de l’intérêt de la population ?

  • Est-ce que cette manière autoritaire de gouverner est compatible avec nos institutions démocratiques ?

  • Si ce n’est pas le cas, quelles conséquences pratiques devons-nous en tirer ?