Analyse des données sur les décès liés à la COVID-19 en fonction des conditions médicales préexistantes

Nigel Farage, qui a joué un rôle très important dans la réalisation du Brexit avant de se retirer de la politique, a fait une demande d’accès à l’information à l’Office national des statistiques qui lui a permis d’apprendre que, sur les quelque 155 000 décès attribués à la COVID-19 depuis le printemps 2020, seulement 17 371 décès ont été attribués à la COVID-19 sans conditions médicales préexistantes sur une période d’environ 23 mois. Si l’on peut comprendre, comme Farage le fait remarquer, que chacun de ces décès a pu être très difficile pour les proches des personnes concernées, il faut remettre les choses en perspective. Environ 700 000 personnes décèdent chaque année au Royaume-Uni. C’est pour lutter contre une maladie qui aurait causé en presque deux ans seulement 2,5 % des décès annuels que le gouvernement anglais a dépensé 400 milliards de livres, a ordonné des confinements intermittents, a fermé les écoles et a privé les citoyens anglais de plusieurs de leurs droits et de leurs libertés. Farage a donc de bonnes raisons de demander qu’un débat public digne de ce nom ait lieu sur la « gestion de la crise sanitaire ». Compte tenu de sa popularité et de son influence en Angleterre, il est possible que ce débat ait lieu et qu’il ait des répercussions dans les pays qui ont imposé à leurs populations des mesures semblables.

Cédons la parole à Farage, qui s’exprime avec sa vivacité habituelle.

 

En utilisant les données rendues disponibles par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui a fait preuve d’une transparence exemplaire sur la question des conditions médicales préexistantes, voyons quelle est la situation au Québec. Mais ne mettons pas la charrue devant les bœufs, et regardons d’abord ce que ce sont ces conditions médicales.

Selon l’INSPQ, les conditions médicales préexistantes, qu’on appelle parfois comorbidités, sont « des diagnostics médicaux qui étaient présents dans la population avant le diagnostic de COVID-19 ». Les conditions médicales préexistantes considérées sont les suivantes :

  1. hypertension ;

  2. maladies respiratoires (troubles de circulation pulmonaire, asthme et autres maladies pulmonaires chroniques) ;

  3. maladies cardiovasculaires (arythmie cardiaque, troubles vasculaires périphériques, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, accident cérébrovasculaire, maladies valvulaires) ;

  4. diabète ;

  5. cancer (avec et sans métastases) ;

  6. troubles neurologiques (démence, Alzheimer et autres troubles neurologiques) ;

  7. maladies du rein ;

  8. maladies hépatiques ;

  9. problèmes du système immunitaire (arthrite rhumatoïde, VIH/SIDA) ;

  10. troubles fluides et électrolytes ;

  11. hypothyroïdie ;

  12. psychoses ;

  13. dépression ;

  14. abus d’alcool ;

  15. abus de drogue ;

  16. perte de poids ;

  17. paralysie ;

  18. coagulopathie ;

  19. anémie par carence ;

  20. anémie hémorragique ;

  21. ulcère gastrique

  22. obésité.

Ce qu’on réunit sous l’appellation « conditions médicales préexistantes » varie donc grandement en gravité, car ce n’est assurément pas la même chose que de faire de l’hypertension et d’être atteint d’un cancer ou du SIDA.

Voyons maintenant à quel point ces conditions médicales préexistantes sont fréquentes dans les décès liés à la COVID-19.

(INSPQ, Conditions médicales préexistantes, tableau 2.2, en date du 18 janvier 2022.)

La mention « n.d. » est utilisée dans les cas où il y a moins de 5 décès dans une sous-catégorie d’un groupe d’âge, ou quand il est possible d’identifier les personnes décédées par déduction, afin de protéger leurs renseignements personnels. (Il est amusant de constater que les chercheurs de l’INSPQ se soucient plus de la confidentialité des informations médicales des personnes décédées, que notre gouvernement ne se soucie de la confidentialité des mêmes informations pour les personnes vivantes, qu’il contraint à faire connaître leur statut vaccinal pour entrer dans certains commerces ou participer à certaines activités.) C’est ce qui explique en partie que le nombre total de décès inscrits dans ce tableau est de 11 914, alors que le nombre total de décès déclarés en date du 18 janvier 2022 est de 12 572 selon l’INSPQ, en plus du fait que ce tableau est mis à jour seulement une fois par semaine et que les décès sont sans doute déclarés plus rapidement que les conditions médicales préexistantes.

Ceci dit, je fais mes calculs avec les données inscrites dans ce tableau, sans trop me soucier des données manquantes, qui devraient tout au plus concerner 40 décès (4 décès par sous-catégorie d’un groupe d’âge qui a la mention « n.d. ».), et des données à venir, qui ne sont pas en assez grand nombre pour changer la vue d’ensemble de manière significative, même si leur distribution était différente.

Les nombres totaux de décès sans condition médicale préexistante, avec une condition médicale préexistante et avec deux conditions médicales préexistantes ou plus sont respectivement de 266, de 594 et de 11 054. Les décès sans une telle condition représentent donc 2,3 %, une proportion beaucoup plus faible que celle observée au Royaume-Uni (17 371 sur environ 155 000, soit approximativement 11,2 %), ce qui pourrait s’expliquer par un moindre nombre de conditions médicales préexistantes prises en considération en Angleterre, ou par une plus forte tendance au Québec à considérer comme des décès liés à la COVID-19 les personnes qui sont décédées alors qu’elles avaient reçues un test positif sans avoir de symptômes, ou par une combinaison de ces deux facteurs. Je soulève seulement la question sans essayer d’y répondre, mais en insistant sur le fait que cette forte différence de proportion permet d’avoir des doutes légitimes sur la fiabilité des données sur les décès liés à la COVID-19, qui semblent être fortement déterminées par les politiques nationales de déclaration des causes de décès.

Je m’étonne du fait que les groupes d’âge plus jeunes aient une proportion plus élevée de décès sans condition médicale préexistante que les groupes plus âgés. On aurait pu s’attendre, au contraire, à ce que les personnes décédées dans ces groupes d’âge aient plus souvent de telles conditions préexistantes. À bien y penser, cela pourrait être dû au fait qu’avec l’âge, la proportion de personnes ayant des comorbidités augmente, de même que le nombre de comorbidités par personne, ce qui accroît les risques de décès de la COVID-19 ou avec la COVID-19.

Quoi qu’il en soit, le portrait d’ensemble est très clair : la proportion des décès avec deux conditions médicales préexistantes ou plus est de 92,8 % de tous les décès, alors que les proportions des décès sans condition médicale préexistante et avec seulement une condition sont respectivement de 2,2 % et de 5,0 %.

Pour poursuivre mes analyses, j’utiliserai une partie des données publiées dans un rapport de l’INSPQ produit après la « première vague ».

(INSPQ, Impact des comorbidités sur les risques de décès et d'hospitalisation chez les cas confirmés de la COVID-19 durant les premiers mois de la pandémie au Québec, p. 8, tableau 1.)

Remarquons d’abord que, du 23 février au 11 juillet 2020, l’âge moyen est des personnes décédées est de 84,5 ans (encadré route) et que les personnes âgées de 70 ans ou plus cumulent 92,1 % de décès (encadré rose). Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que beaucoup des personnes décédées aient des conditions médicales préexistantes (encadré bleu) et même qu’elles en aient plusieurs. En effet, seulement 189 des 5 543 personnes décédées n’en avaient pas (encadré vert), et seulement 478 (encadré orange) en avaient une. Ce qui veut dire qu’entre le 12 juillet 2020 et le 18 janvier 2022, seulement 77 personnes (266-189) sans condition médicale préexistante, et seulement 116 personnes (594-478) avec une seule condition médicale, sont considérées comme mortes de la COVID-19 seulement. Ce qui montre que le virus est très peu dangereux pour les personnes en bonne santé ou qui ne cumulent pas les problèmes de santé. Les personnes qui avaient au moins deux conditions médicales préexistantes cumulaient, en juillet 2020, 88 % des décès ; ce qui est élevé, mais tout de même un peu plus bas que les 92,8 % observés du tout début jusqu’au 18 janvier 2022. Voilà qui infirme la rumeur – colportée par le gouvernement, les médecins, les experts et les journalistes – selon laquelle le virus serait devenu plus dangereux pour les personnes jeunes et en bonne santé à partir de la « deuxième vague ».

Comme on le sait, beaucoup des décès de la « première vague » ont eu lieu dans les CHSLD et, dans une moindre mesure, dans les résidences de personnes âgées (encadré brun). Compte tenu que les résidents de ces établissements sont âgés et qu’ils sont généralement en perte d’autonomie et ont plusieurs problèmes de santé, leur forte représentation quant aux décès confirment le rôle important qu’ont dû jouer les conditions médicales préexistantes, certainement aggravées à cause d’un manque de soins adéquats au printemps 2020, lui-même causé par un manque de personnel chronique dans certains établissements, par l’isolement préventif systématique du personnel soignant ayant reçu un résultat positif à un test de dépistage, et par la panique provoquée par le discours alarmiste du gouvernement et des grands médias, qui a sans doute augmenté le taux d’absentéisme. Ainsi la forte surmortalité observée au printemps 2020 pourrait être moins attribuable au virus, qu’aux problèmes de santé déjà présents chez les personnes décédées et à la gestion calamiteuse de la situation par les autorités politiques et sanitaires du Québec.

Afin d’en savoir plus sur la répartition de ces conditions médicales préexistantes et le nombre moyen de ces conditions pour les 3407 personnes décédées qui en avaient quatre ou plus (encadré violet), regardons la suite du tableau précédent.

Ce qui frappe au premier coup d’œil, c.’est le grand nombre de conditions médicales préexistantes (dont certaines très graves) qu’il y a pour le nombre de personnes décédées avec au moins une de ces conditions. En effet, il y a 24 232 conditions médicales préexistantes pour ces 5354 personnes, soit environ 4,5 par personne. En soustrayant à ce nombre total de conditions médicales celles dont étaient atteintes les personnes qui en avaient une seule (1x478=478), deux (2x706=1412) et trois (3x763=2289), il en reste 20053 (24232-4179) pour les 3407 personnes qui en ont au moins quatre, c’est-à-dire une moyenne de 5,88 conditions médicales par personne pour ces 3407 personnes décédées qui, en juillet 2020, représentaient 61,5 % des décès. Il y a tout lieu de croire que, pour beaucoup d’entre elles, la COVID-19 a dû souvent jouer un rôle assez secondaire dans ces décès, voire nul, par exemple quand les personnes décédées étaient seulement déclarées positives sans avoir de symptômes, et quand la qualité des soins donnés a été dégradée en raison de la panique provoquée par le gouvernement et de l’isolement systématique du personnel soignant déclaré positif mais asymptomatique.

Récapitulons.

En date du 18 janvier 2022, seulement 266 décès auraient été causés seulement par la COVID-19, c’est-à-dire pour une période de presque 23 mois. Ce qui représente une partie insignifiante des décès qui ont lieu chaque année au Québec, soit environ 66 059 décès en moyenne pour les années 2015 à 2019 selon l’Institut de la statistique du Québec. Ces décès étant en moyenne au nombre de 11,57 par mois et donc de 138,78 par année, ils ne représentent que 0,21 % du nombre annuel moyen de décès au Québec.

Quant aux personnes décédées avec des conditions médicales préexistantes, beaucoup d’entre elles étaient très âgées, avaient même dépassé l’espérance de vie, et cumulaient plusieurs conditions médicales graves avant d’être dépistées positives. Il est raisonnable de penser que souvent la COVID-19 a joué un rôle secondaire ou nul dans ces décès, et que ces personnes étaient déjà en fin de vie, le virus ayant tout au plus devancé de quelques semaines ou de quelques mois le décès.

Je peux comprendre la tristesse et la souffrance des proches des personnes décédées avec ou sans conditions médicales préexistantes, surtout quand elles sont mortes seules, dans des conditions qu’on pourrait, sans exagérer, qualifier de sordides. Cependant le fait de continuer à mettre sur pause, de manière intermittente, des secteurs entiers de l’économie et de la société ne permettra pas de revenir en arrière. Bien au contraire, cette manière de « gérer la crise sanitaire » a des effets très néfastes sur l’ensemble de notre société, notamment sur notre santé et sur notre système de santé.

Car c’est l’éducation des enfants, des adolescents et étudiants collégiaux et universitaires qu’on compromet.

Car c’est la vie sociale qu’on suspend et détruit même.

Car ce sont les commerces, surtout les petites et moyennes entreprises, qu’on saigne par les confinements, qui s’endettent, et qui ont ou devront fermer leurs portes.

Car ce sont de nombreuses personnes qui perdent leur emploi en raison de la fermeture des entreprises et des confinements.

Car le mode de vie qu’on impose à toute la population et son appauvrissement détériorent sa santé et la disposent à développer des conditions médicales graves.

Car ce sont d’importantes ressources humaines et financières qui, utilisées pour lutter contre un virus dont on exagère beaucoup la dangerosité, ne servent pas à prévenir, à dépister et à traiter des maladies plus dangereuses, comme les maladies cardiovasculaires et les cancers.

Car ce sont les fonds publics qu’on dilapide par le dépistage massif de la population, l’achat de tests rapides et de matériel de protection et les campagnes de vaccination successives.

Car c’est la dette publique qui augmente dramatiquement, l’État étant privé d’une partie importante de ses revenus en raison des politiques de confinement et des dépenses supplémentaires pour amortir les effets économiques destructeurs de ces politiques.

Car c’est nous qui devrons subir les politiques d’austérité qui résulteront tôt ou tard de cette dette et des exigences des créanciers.

Car c’est le fonctionnement de nos institutions démocratiques et nos droits et libertés les plus fondamentaux qui sont suspendus en raison des pouvoirs exceptionnels dont notre gouvernement ne semblent pas vouloir se départir.

Car c’est une partie non négligeable de la population qu’on traite comme des citoyens de deuxième ordre, qu’on cherche à exclure progressivement de la société et qu’on veut même punir sous prétexte qu’ils refusent d’être vaccinés pour une maladie généralement peu dangereuse pour eux, alors que leur vaccination ne pourrait certainement pas protéger indirectement des personnes âgées qui cumulent malheureusement des conditions médicales qui compromettent leur santé et qui menacent leur vie, et qui sont principalement celles dont on dit qu’elles sont décédées de la COVID-19.

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Y perdons-nous beaucoup plus que nous n’y gagnons ? Voulons-nous continuer encore longtemps dans cette même direction, dans laquelle nous n’aurions peut-être jamais dû aller ? Voilà des questions qu’il faut nous poser et dont il faut discuter publiquement, au lieu de laisser notre gouvernement fédéral et notre gouvernement provincial tout décider à notre place. C’est pourquoi je vous demande d’envoyer ce billet à votre entourage et même à votre député, surtout s’il appartient à un parti d’opposition.