À la guerre comme à la guerre !

Notre ministre de la Santé et des Services sociaux fait tellement des plans foireux dernièrement, que même certains partis d’opposition et certains journalistes s’en aperçoivent. Ce n’est pas peu dire. Il est vrai qu’adopter un décret qui aura pour effet de suspendre plus de 20 000 travailleurs de la santé du réseau public au mois d’octobre, sans parler de ceux du secteur privé (par exemple des employés des agences de placement), c’est vraiment génial. Alors que notre système de santé est facilement saturé l’hiver en raison de la grippe saisonnière, alors qu’on nous dit que les nouveaux variants ont une certaine résistance aux vaccins (ce qui est une manière détournée de dire que les vaccins ne sont pas vraiment efficaces), alors qu’on serait en pénurie de main-d’œuvre, alors que le personnel soignant serait surmené et migrerait vers le secteur privé, ce crétin de première classe impose la vaccination obligatoire et, ce faisant, détériore encore plus l’état de notre système de santé. Et maintenant il va nous pondre d’ici la semaine prochaine un « plan de contingence », comme si la pénurie de personnel soignant qu’il va lui-même provoquer lui tombait du ciel. Puis il a le culot de renchérir en incitant les ordres professionnels à suspendre les permis d’exercice des travailleurs de la santé non vaccinés. Vraiment, avec des débiles de cette espèce en position d’autorité, les Québécois n’ont pas besoin de dangereux variants pour que leur santé soit en péril. Le ministre de la Santé et des Services sociaux suffit amplement à la tâche !

L’hypocrisie de notre gouvernement est dégoûtante : après avoir encensé les travailleurs de la santé pendant la première phase épidémique, au point d’en faire des héros et des anges-gardiens (ce qui était déjà de la bêtise), maintenant on plante là ceux d’entre eux qui refusent d’obéir à un misérable comptable auquel le pouvoir a monté à la tête – c’est que la nature déteste le vide ! –, alors que ces spécialistes de la santé sont peut-être parmi ceux d’entre nous qui ont les meilleures raisons de refuser les vaccins, en raison des effets véritables de ces derniers sur la santé qu’ils ont peut-être pu observer dans le cadre de leurs fonctions.

Même si j’espère que les syndicats ne laisseront pas tomber leurs membres non vaccinés, même si j’espère que ceux dont on veut se débarrasser comme de vieilles chaussettes trouées n’iront pas se faire vacciner, même si j’espère qu’ils ne se laisseront pas faire et qu’ils s’uniront par-delà les corps d’emploi pour faire des recours collectifs contre le gouvernement, je sais bien que la lutte pourrait durer longtemps et que son issue est incertaine. Beaucoup de travailleurs de la santé, s’ils ont l’intention de tenir bon, devront trouver une manière d’assurer leur subsistance, quitte à accepter un emploi qui ne demande pas une qualification particulière et qui est beaucoup moins bien rémunéré. (Il serait alors important pour eux de ne pas rompre les liens d’emploi en donnant leur démission s’ils ont été seulement suspendus sans solde, ce qui pourrait les empêcher d’obtenir une éventuelle compensation ou de réintégrer leur emploi si cette obligation venait à prendre fin.) C’est dans notre intérêt à tous – je veux dire tous ceux d’entre nous qui n’entendent pas se faire vacciner – de leur donner les moyens de ne pas reculer. Plus le personnel soignant non vacciné résistera à l’obligation vaccinale, plus il sera difficile pour le gouvernement d’étendre rapidement cette obligation à d’autres professions. Il ne s’agit donc pas de faire aux expulsés la charité et de leur offrir notre pitié (ce qui serait dégradant et insultant pour les principaux concernés, qui méritent certainement mieux), mais de faire de ces personnes qui ont encore toute leur tête et qui ont une colonne vertébrale, nos alliés et nos compagnons de lutte contre l’autoritarisme de notre gouvernement.

Vous possédez une petite entreprise ? Vous êtes allergique aux confinements et aux mesures sanitaires qui vous étouffent et qui favorisent les grandes entreprises ? Vous n’avez pas l’intention de vous faire vacciner si notre cher gouvernement en vient à imposer aussi à votre secteur d’activité économique l’obligation vaccinale ? Ce qu’on fait aux travailleurs de la santé non vaccinés vous dégoûte au plus haut point ? Vous avez besoin de nouveaux employés pour remplacer ceux qui sont retournés étudier, qui n’ont pas encore réintégré le marché du travail ou qui ont changé de métier pendant les confinements successifs ? Alors embauchez des travailleurs de la santé suspendus pour cause de non-vaccination. Annoncez qu’ils sont bienvenus dans vos offres d’emplois. Créer un réseau de petites entreprises désireuses d’en faire autant et publicisez son existence en créant un site web. Plusieurs emplois exigent des compétences qui peuvent être acquises en travaillant. Il faut juste un peu de temps. Il est vrai que vous ne pourrez probablement pas offrir aux infirmières, par exemple, un salaire équivalent à celui qu’elles gagnaient avant d’être congédiées. Mais si vous ne vous comportez pas en employeur tyrannique, si vous leur offrez une certaine liberté quant à leur horaire de travail et dans l’organisation de leurs tâches, plusieurs pourront certainement apprécier ces avantages. Si vous pouvez augmenter le salaire moyen de vos employés pour les attirer, faites-le. Ne cachez pas votre prise de position contre le gouvernement et pour les travailleurs de la santé non vaccinés. Celle-ci pourrait vous attirer des clients (vaccinés ou non vaccinés) qui non seulement trouvent dégueulasse ce que le gouvernement fait aux travailleurs de la santé et à notre système de santé, mais qui pourraient aussi être curieux de savoir ce qui se passe vraiment dans le système de santé et quelles sont les raisons qui motivent la résistance de vos nouveaux employés. Pour ma part, j’irais volontiers régulièrement dans une boulangerie, dans une épicerie ou dans une librairie où il y aurait quelques employés qui seraient des travailleurs de la santé expulsés par notre crétin de ministre de la Santé et des Services sociaux. Vous, propriétaires de petites entreprises, pourriez créer des havres de liberté et des foyers de résistance. Ce qui aurait pour effet de montrer au gouvernement et à nos concitoyens qu’une partie non négligeable de la population ne se désolidarise pas des cibles de cette épuration, et aussi de vous entourer de personnes qui seront prêtes à résister avec vous si jamais le gouvernement décide d’étendre l’obligation vaccinale à votre secteur d’activité économique. Et si vous êtes la cible d’une purge, d’autres pourraient décider de faire pour vous ce que vous avez fait pour les travailleurs de la santé non vaccinés.

Mais nous ne sommes pas tous des entrepreneurs. Pour beaucoup nous sommes des employés. Parfois nous avons beaucoup d’influence sur le choix des personnes embauchées (quand nous sommes gérants, assistants-gérants, coordonnateurs ou chefs d’équipe), parfois nous en avons beaucoup moins. Mais à moins de savoir que l’employeur pour lequel nous travaillons en a soupé des obligations et des interdictions décrétées par notre gouvernement, nous ne pouvons pas agir à découvert, dans un cas comme dans l’autre. Il s’agit alors de permettre aux expulsés de la santé d’infiltrer les milieux de travail où vous êtes et ce, à l’insu de vos employeurs et de vos supérieurs. Si vous connaissez certains de ces expulsés, proposez-leur cette opération d’infiltration qui leur permettra pendant un certain temps d’atténuer les sanctions économiques qu’on leur a infligées. Sinon, informez-vous auprès de votre entourage. Quelqu’un pourra peut-être vous mettre directement ou indirectement en contact avec un expulsé. Quand un emploi est disponible, vous pouvez lui dire de déposer sa candidature. Selon la position que vous occupez, vous pouvez le passer en entrevue et le choisir, ou vous pouvez le recommander à votre employeur. Si plusieurs postes sont disponibles au cours des prochaines semaines ou des prochains mois, essayez de faire la même chose avec quelques expulsés. Pour ne pas vendre la mèche, invitez-les à trafiquer un peu leur curriculum vitae et à s’inventer une histoire vraisemblable. Le mélange d’un peu de fausseté à ce qui est vrai est, à ma connaissance, ce qu’il y a de plus facile et de plus convainquant. Souvent les employeurs ne se donnent pas la peine de faire des vérifications ou ce n’est pas possible d’en faire. Par exemple, un expulsé pourrait devancer, sur son curriculum vitae, sa date de fin d’emploi dans le domaine de la santé de quelques mois, et prétendre qu’il a donné sa démission parce qu’il était au bord de l’épuisement et que s’il ne partait pas bientôt, il allait y laisser sa peau, à cause du travail supplémentaire obligatoire. Vous en arriverez ainsi à constituer une poche de résistance et, plus rarement, peut-être même à devenir majoritaires dans des milieux de travail de petite taille, à l’insu de vos employeurs, de vos supérieurs et de plusieurs de vos collègues, si vous savez vous montrer discrets, jusqu’à ce que vous soyez peut-être la cible d’une nouvelle expulsion des non-vaccinés. Quand cela arrivera (si cela arrive), vous serez en position de force dans un milieu de travail puisque vous vous y serez regroupés. Même si vous représentez seulement 25 %, 20 % ou même 15 % des employés de l’entreprise ou de l’organisation pour laquelle vous travaillez, ou la même proportion d’un secteur de cette entreprise ou de cette organisation, l’obligation vaccinale et votre suspension pourraient mettre en péril son bon fonctionnement et paralyser certaines de ses activités. Cela serait encore plus vrai si les expulsés de la santé et les autres non-vaccinés occupaient des positions stratégiques à l’intérieur de cette entreprise ou organisation. Positionnez-vous pour maximiser les dégâts en cas de suspension ou de congédiement pour cause de non-vaccination. Faites des pieds et des mains pour augmenter la concentration de non-vaccinés dans votre milieu de travail, quitte à proposer à vos amis et à vos connaissances non vaccinées de changer d’emploi pour rejoindre une poche de résistance que vous êtes en train de constituer dans votre milieu de travail, ou pour rejoindre vous-mêmes une poche de résistance que des amis ou des connaissances sont en train de constituer dans un autre milieu de travail, surtout quand les conditions de travail sont semblables ou meilleures. Nous sommes impuissants quand nous sommes dispersés. Mais ça pourrait être une autre histoire si nous nous regroupons.

Le gouvernement, me direz-vous, ne se soucie pas le moins du monde des dommages causés par l’obligation vaccinale : la suspension des travailleurs de la santé non vaccinés le montre bien. C’est pourquoi je ne donne pas pour but à cette maximisation et à cette concentration des dommages de faire changer directement d’idée notre gouvernement, s’il s’avisait d’étendre l’obligation vaccinale dans les milieux de travail. L’objectif visé est plutôt de mettre les propriétaires d’entreprises, les gestionnaires, les gérants, les coordonnateurs et les chefs d’équipe dans une situation où il sera manifeste que l’obligation vaccinale va à l’encontre de leurs intérêts économiques et professionnels, alors qu’autrement ils pourraient croire le contraire ou penser que c’est indifférent. Quand ils seront touchés au cœur de leurs intérêts, quand ils constateront que l’obligation vaccinale nuit en fait à la reprise économique et leur scie même les jambes, le narratif selon lequel le milieu des affaires et les administrations verraient d’un bon œil cette obligation pourrait s’effriter, d’autant plus que les employés vaccinés, qui auraient à se surmener à la suite de la suspension de leurs collègues non vaccinés, pourraient devenir de plus en plus mécontents de la situation et en venir à trouver nuisible cette obligation.

Plusieurs d’entre vous, par délicatesse morale, hésiteront peut-être à avoir recours à de tels moyens. Vous aurez par exemple l’impression de tromper la confiance de vos supérieurs. À cela je réponds que vous ne pouvez pas faire confiance à vos supérieurs, qui ne sont pas vos amis ou vos alliés. Vos supérieurs, s’ils croient que c’est dans leur intérêt de le faire, ou du moins s’ils croient que ça ne nuit pas à leurs intérêts, n’hésiteront pas à exercer des pressions sur vous pour obtenir votre vaccination (c’est déjà commencé dans certains milieux de travail) et à vous planter là du jour au lendemain si le gouvernement étend l’obligation vaccinale au-delà du secteur de la santé ou s’il autorise les entreprises à imposer cette obligation à leurs employés, pour que ces dernières fassent son sale travail à sa place. Alors à la guerre comme à la guerre !

Je vous invite donc à faire preuve d’initiative et à ne pas attendre passivement que l’obligation vaccinale vous soit imposée. Et transmettez ce billet aux personnes que vous connaissez qui refusent de se faire vacciner et qui pourraient vouloir jouer un rôle dans l’organisation de la résistance ouverte ou clandestine, selon les deux cas de figure que j’ai abordés ici.